Dans l’introduction je souligne avoir une approche rigoureuse… ainsi certains peuvent questionner mon allégeance à l’homéopathie. Comment l’homéopathie, tant décriée et dénoncée comme une supercherie par le corps médical et les médias québécois peut-elle être prise au sérieux? À cela je réponds par la voix du pragmatisme. Malgré que la popularité de l’homéopathie au Québec soit relativement récente il n’en demeure pas moins que depuis plus de 200 ans cette thérapeutique a fait ses preuves en Europe. Développée en 1796 par un médecin allemand du nom de Samuel Hahnemann, et basée sur la loi des similitudes cette thérapeutique gagna en popularité grâce à son efficacité. Après des années d’observation et de nombreuses expériences Hahnemann découvrit que s’il traitait ses patients avec des doses infinitésimales de médicaments ceux-ci réagissaient mieux, plus rapidement et sans effets secondaires, ce qui lui permit de formuler la règle d’effet selon laquelle « minimum ès maximum » c’est à dire; le maximum d’effet avec une quantité minimale de remède. De plus, il révélait qu’un produit normalement toxique dans une dose pondérable (pesable) devenait inversement curatif s’il était administré dans des doses infinitésimales, ce qui définit la loi principale de l’homéopathie; la « loi des similitudes ».
Pour arriver à produire des médicaments à des doses infinitésimales Hahnemann mis au point le procédé de dilution et de trituration. Selon cette méthode, un produit d’origine végétale, minérale, animale ou acide est soumis à un processus de dilution par l’eau à des taux allant de 1 à 1023 (taux de dilution équivalent à celui des hormones dans le sang) et plus. Après dilution, le produit est agité de manière à mobiliser ses molécules actives afin qu’elles s’intègrent totalement à la structure moléculaire de l’eau. À ce niveau de dilution il ne reste pour ainsi dire aucune trace biologique du produit d’origine, si ce n’est l’empreinte « énergétique » supposément « mémorisée » par l’eau. Chaque niveau de dilution représente une posologie propre à agir à un niveau particulier du corps humain.
Une des particularités de l’homéopathie c’est qu’elle propose une approche de terrain. Cela signifie que la personne qui vient consulter est considérée non seulement à partir de son problème de santé et ses symptômes, mais comme un individu ayant une expérience particulière et un vécu qui s’inscrit dans un contexte où l’environnement social, culturel, économique et écologique influence sa santé. La façon de penser, de manger, les habitudes quotidiennes, les émotions, les relations affectives, les traumatismes, le sommeil, les activités physiques, le travail et les loisirs sont pris en considération afin de comprendre la relation entre la personne, l’environnement et le développement d’un problème de santé. C’est une approche globale où l’organisme est considéré comme un tout et le traitement du terrain ne vise pas uniquement à faire disparaitre un symptôme mais surtout à rétablir l’équilibre perturbé de l’organisme. Cette notion de terrain nous mène à celle de type, de constitution, de morphologie et de diathèse. Ces concepts définissent des types physiques et psychiques classés sous quatre constitutions; le carbonique, le phosphorique, le sulfurique et le fluorique. Étrangement les descriptions de ces types constitutionnels développés au 18e siècle par Hahnemann sont en tous points identiques aux types morphologiques définis par les recherches statistiques effectuées par Sheldon dans les années 50 aux États-Unis (* voir recherche). Finalement, le concept de diathèse s’intéresse à la manière dont se développe une maladie chez une personne d’un type particulier.
Tout ça c’est de la théorie, parce qu’au niveau pratique personne encore n’a réussi à prouver hors de tout doute le mode de fonctionnement de l’homéopathie… ça reste un mystère tout comme d’autres thérapeutiques telles que l’acuponcture, l’hypnose ou l’effet placebo. Cependant, malgré le mystère qui plane sur le mode d’action de l’homéopathie, cette thérapie est utilisée par près de 50% des Français et Françaises, ce qui représente 35 millions d’utilisateurs sans compter les dizaines de millions d’utilisateurs partout ailleurs en Europe. Un fait aussi incontournable, c’est qu’en France, pour être homéopathe il faut être médecin et qu’en Inde, l’homéopathie est reconnue comme médecine officielle. À ce titre, je ne pense pas que des centaines de millions d’individus à travers le monde ayant recourt à l’homéopathie pour soigner leurs maux soient tous des imbéciles naïfs et crédules se laissant berner par le supposé effet placebo de l’homéopathie. Pour ma part, en tant qu’homéopathe pratiquant depuis plus de 20 ans, je ne pourrais soutenir une position de charlatan en abusant de la confiance de ma clientèle si les produits que je recommande n’avaient pas démontré leur efficacité. Bien sûr, tout comme en biomédecine il y a, et il y aura toujours des échecs et l’homéopathie n’est pas infaillible, pas plus que l’homéopathe. Mais alors pourquoi les enfants et même les animaux réagissent-ils si bien à l’homéopathie? Dans ces cas de guérison parfois spectaculaires on ne peut présumer ni l’effet placebo, ni la relation de confiance. Si ça fonctionne avec les chiens, les vaches, les cochons et les chevaux, il doit bien avoir quelque chose qui agit même si ça demeure inexpliqué. Dans ce sens, l’application très récente des nanotechnologies en pharmacologie nous fournira peut-être enfin des explications scientifiques du modus operandi de l’homéopathie.